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Trois primecoches aviaires pour Laval en 2023.

Laval compte maintenant à son répertoire 279 espèces d’oiseaux. Ce ne sont pas moins que 86,9k listes complètes qui ont été soumises à ce jour sur eBird par 1437 observateurs. Pour l’an 2023 seulement, trois nouvelles espèces aviaires sont confirmées. Quelles sont ces espèces? Leur présence est-elle exceptionnelle au Québec ou dans la région de Montréal?

Par Pierre André avec des photos de Louise Auclair, Luc Verreault et Pierre André.

Le nombre d’espèces d’oiseaux à Laval atteint maintenant 279. Seulement en 2023, les réviseurs eBird ont confirmé trois nouvelles mentions sur l’Île Jésus. Dans cet article, je vous présente la répartition géographique de ces vedettes afin d’en apprécier la rareté.

Oriole des vergers – Orchard Oriole – Icterus spurius

Observé par Louise Auclair et quelques autres personnes, le 4 juin 2023, au Cimetière de Laval – Mt. Pleasant, St-François.

L’Oriole des vergers fut présente au cimetière de Laval – Mt. Pleasant seulement du 4 au 6 juin et fut rapportée par 11 observateurs. En outre, la découverte se fit lors d’une excursion du COMIR que guidait Louise Auclair (7 personnes en tout).

L’aire de reproduction de l’Oriole des vergers couvre un large territoire dont le centre et l’est des États-Unis. Elle s’étend vers le sud, jusqu’au Mexique et vers le nord jusqu’au sud du Canada. Pour la période 2012-2022, les experts eBird rapportent une tendance à l’augmentation de l’abondance relative dans cette aire de 5,6% (valeur médiane). En dehors de la période reproductrice, l’oriole migre vers le sud du Mexique, en Amérique centrale et jusqu’au Pérou.

Au Québec, la première mention de l’Oriole des vergers sur eBird remonte au 17 mai 1976 et des observateurs la rapportent sur une base régulière depuis 2000. En outre, il y a des mentions attestées au Lac St-Jean (2010 et 2017), aux Îles-de-la-Madeleine (2021), en Gaspésie (2010, 2014 et 2015) et en Basse-Côte-Nord (Magpie, 2010). Depuis le nouveau millénaire, dans la grande région de Montréal, cette oriole a été mentionnée au moins une fois 13 années sur 24, soit un peu plus d’une année sur deux.

Corneille de rivages – Fish Crow – Corvus ossifragus

Observée avec confirmation sonore par Louise Auclair et plusieurs autres, le 12 juin 2023, au Boisé de la Centième, Fabreville.

Cliquez ici pour entendre le cri de la Corneille de rivage que Louise Auclair a enregistré. Le photo ci-dessous a été prise alors que les corneilles criaient. Il n’est pas facile de distinguer cette espèce de la Corneille d’Amérique autrement que par le cri.

L’aire de répartition de la Corneille de rivage s’étend depuis la Floride tout le long de la côte Atlantique jusqu’en Nouvelle-Écosse ainsi que le long des basses terres du Mississipi et de ses affluents. Cette espèce habite ces endroits à l’année ou n’effectue que de courts déplacements. Il faut noter une extension vers le nord de cette corneille pour la reproduction. Pour la période 2012-2022, les experts d’eBird rapportent une tendance à l’augmentation médiane de l’abondance relative estimée à 12,2%.

Au Québec, la première mention de cette corneille remonte au 20 avril 2012 à Ste-Anne-de-Bellevue (Montréal). Dès lors, cette espèce fut observée dans les régions de Québec (sept. – oct. 2023), de Magog (avr. 2021 à mars 2023), de Phillipsburg (2021) et dans la région de Montréal (2012, 2021, 2022 et 2023). En 2023, bien qu’elle soit rapportée à six emplacements différents, jamais elle ne figure sur une liste eBird la même semaine. Cela suggère que ce serait le ou les deux mêmes individus qui auraient sillonnés la région montréalaise : en avril sur la rue Sherbrooke ouest, en mai au Parc du Mont-Royal et au Technoparc Mtl, en juin et juillet au Boisé de la Centième à Laval, en octobre entre les CEGEPS St-Laurent et Bois-de-Boulogne, et en décembre aux cimetières du Mont Royal. Il est aussi possible qu’il s’agisse en 2023 des mêmes individus qu’en 2022. Bref, il semble probable que très peu d’individus arpentent pour l’instant le Québec.  

Piranga vermillon – Summer Tanager – Piranga rubra

Observé par Luc Verreault et des dizaines d’autres, depuis le 13 novembre 2023, à sa mangeoire de fenêtre, Ste-Dorothée.

Toujours présent au moment d’écrire ces lignes, la femelle piranga de Laval, nommée amicalement Lady Gaga par Luc V., fréquente assidument depuis novembre sa mangeoire à succion, qui est accolée à une fenêtre de son domicile dans un secteur résidentiel de Ste-Dorothée, Laval.

L’aire de reproduction du Piranga vermillon couvre principalement le bassin du Mississipi et la côte Atlantique ainsi que le nord du Mexique. Pour la période 2012-2022, les experts d’eBird estiment une tendance à l’augmentation de l’abondance relative de 22,6% (valeur médian) pour cette aire. Les probabilités d’occurrence au-delà de l’État de New-York demeurent très faibles. En période post-reproduction, ce piranga migre vers le sud, dans une aire s’étendant du Mexique jusqu’au Venezuela et en Colombie.

Au Québec, la première mention d’un Piranga vermillon remonte au printemps 1986 au Parc Summit (Montréal). Depuis, des observateurs en ont rapporté la présence à de nombreuses occasions le long du St-Laurent, jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine (2007) et en Minganie (2010 et 2016). Dans la grande région de Montréal, cette espèce a été observée sur l’île de Montréal (1986, 1991, 2001, 2011, 2020, 2023), sur l’île Bizard (1986), sur l’île des Sœurs (1990) et sur la rive-sud (Longueuil 2008, Brossard 2014, Candiac 2015, St-Jean-sur-Richelieu 2010). À ces observations s’ajoute maintenant l’île Jésus (2023 et 2024). Ainsi, entre 2014 et 2023, le Piranga vermillon a été mentionné dans la région métropolitaine cinq années sur dix.

Remerciements

Je tiens à remercier Louise Auclair et Luc Verreault qui ont si gentiment accepté de me fournir photos et enregistrement de ces trouvailles. L’information que j’ai utilisée pour rédiger cet article est entièrement tirée de eBird. Par ailleurs, les données d’abondance relative proviennent de l’analyse (disp. sur eBird) de Fink et collaborateurs dont la référence figure sur les cartes des aires de répartition.